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Transitive

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1 janvier 2013

Chambre 213

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C’est une question qui m’a préoccupée, après que je me sois aperçue, lors de ma pré admission à l’hôpital de Lyon sud, que je n’avais pas coché de case sur le formulaire a propos du choix de la chambre, individuelle, ou non.

La secrétaire m’a dit : » vous le préciserez en entrant chez nous », je m’étais dis qu’il valait peut être mieux ne pas être seule, on ne sais jamais, mais une fois chez moi, après quelques jours j’ai réalisé combien ma crainte était stupide, et qu’il était évident que je serrais placée dans une chambre individuelle, forcément, puisque depuis trois ans, il est délicat de me faire partager une chambre, une salle de bain, avec un homme, c’est impossible, avec une femme, impossible aussi avant ma chirurgie…

Les derniers jours avant mon départ, j’étais rassurée de savoir que je serrais seule, à l’hôpital, mon aventure est une aventure solitaire, intime, qui ne peut pas se partager avec une compagne d’infortune, je le sais bien.

Voilà, demain a dix heures le matin, mon VSL viendra me chercher pour m’amener à Lyon, ces derniers jours, je les ai passé a régler les derniers détails des préparatifs pour mon retour à la maison, car j’en reviendrai, quand, je l’ignore, on m’a parlé d’une semaine, mais je pense qu’il vaut mieux que je me prépare a rester quinze jours là bas, en cas de complications, et ça même si je veux croire qu’il n’y aura pas de complications.

je range mes affaires dans une chambre du rez de chaussée de la maison, plus pratique pour moi, il me serra probablement impossible d’occuper ma chambre à l’étage, de monter et descendre les escaliers, c’est ce que m’a conseillé Cassandre, opérée dans ce même hôpital de Lyon, par le même chirurgien, il y a bientôt trois ans, maintenant, je préfère suivre son conseil, sur une table, tout ce dont j’aurais besoin, d’après les renseignements que j’ai pris sur la toile, en lisant les récits d’autres transsexuelles, un bassin, de la Bétadine,  des gants en latex, des protèges slips en coton naturel anti allergique, des lingettes humides pour les bébés , du savon anti bactérien, près du lavabo, j’ai disposé mes affaires de toilettes, cosmétiques, accessoires divers, quand je rentrerai, la vie reprendra comme avant, je veux y croire.

Le sol et le lavabo ont étés nettoyés et lavés a grande eau, avec de la javel, je ne veux rien négliger, car depuis quatre semaines, je dois prendre de la cortisone, beaucoup de cortisone, 40 mg, à la pesée, je me suis aperçue que j’avais pris du poids,  trop, je dois donc en conséquence prendre une dose élevée, même si j’ai maintenant perdu six kilos et retrouvé un poids normal, le risque infectieux est donc plus grand, la cicatrisation serra aussi plus lente avec de possible complications, mais aussi des dilatations post opératoires plus douloureuses, les premiers temps…

Je n’ai pas le choix, je dois prendre la cortisone, pour ne pas faire une rechute de mon uvéite,  une maladie auto-immune qui me ronge depuis des années, et qui a bien failli me rendre aveugle, après deux chirurgie des yeux, j’ai retrouvé une acuité, minime, on ignore la cause de cette pathologie, mais moi je sais qu’il me faut aller jusqu’au bout de mon chemin, j’ai déjà bien récupéré depuis quelques semaines, j’ai arrêté les injections d’Humira, une saloperie qui me prive des mes défenses immunitaires, puisque mon système immunitaire lutte contre un ennemi qui n’existe pas, en moi, ce qui provoque l’inflammation, mais j’ai du le remplacer par la cortisone, aller me faire opérer sous Humira  serrai suicidaire, tout simplement.

 Depuis des mois maintenant, je me suis préparée physiquement, mentalement, a ce qui m’attend là bas, au fil des jours, patiemment, je me suis imposé une discipline de fer, j’ai renoué avec ma passion pour les arts martiaux, comme dans ma jeunesse, ce n’était pas facile au début, mes articulations souffraient, les coups donnés dans un grand sac de frappe, pendu a une grosse branche d’un olivier, me faisaient mal, mes tibias, mes poignets étaient contusionnés, j’étais épuisée après une heure d’exercice,  mais comme par le passé, j’ai forgé ma volonté, cherchant toujours a repousser les limites de mon endurance, j’ai eu d’excellents guides, j’ai eu cette chance d’approcher des personnages exceptionnel qui m’ont transmis leur passion, je pense a eux souvent, il seraient probablement surpris si il connaissaient ma démarche aujourd’hui, mais sans le savoir, ils m’ont apporté une grande aide tous les jours.

Hier encore, je me suis entrainée, le dernier entrainement avant d’aller à Lyon, deux heures a enchaîner les mouvements, les techniques, avec toute mon énergie, a travailler ma respiration ventrale, le transfert d’énergie vitale, l’endurance a la douleur, a la fatigue, j’en étais presque arrivée au grand écart latéral, mais j’aurais tout le loisir de m’y remettre, après ma convalescence, dans combien de temps, je l’ignore…

Je prépare mon sac de voyage, avant de dîner, ma maman est inquiète, je le devine, même si elle ne veut pas le montrer, j’ai préparé une réserve de bois près de la maison, pour les journées froides de l’hivers, et dans le cas ou je serrais incapable de porter du poids sur une longue distance, j’ai fait des provisions, pour qu’elle ne manque de rien durant mon absence, je ne prend avec moi que quelques affaires, un drap de bain, une serviette, deux T shirts, des culottes larges et hautes, en coton blanc, des bas auto fixant, une jupe, qui ne serre pas trop à la taille, des chaussons, un long kimono de femme en satin noir, un pantalon de pyjama ample et large, ma trousse de toilette avec quelques cosmétiques, une fois là bas, je veux rester soignée, présentable…

J’ai coupé mes ongles courts, pour la première fois depuis quatre ans, après avoir retiré le vernis qui les recouvraient, comme l’exige les consignes de l’hôpital, la veille, et pour là encore bien les respecter, je me suis épilée, entièrement et soigneusement, avec la crème dépilatoire, et mon épilateur électrique, chaque détail compte, les pilosités sont un facteur de transmission de germes infectieux…

C’est l’histoire de karina qui est revenue souvent dans mes pensées, ces derniers jours, ces derniers mois, opérée à Lyon, elle a fait une nécrose du vagin après son opération, elle a commencé a pourrir de l’intérieur, on l’a opérée une seconde fois, un an après, on a refait la partie nécrosée avec une section du colon sigmoïde, ça a bien marché, elle était heureuse, et puis j’ai appris il y a trois semaine qu’elle s’était suicidée, j’ai entendu dire que c’était parce qu’elle souffrait trop de ne pas avoir obtenu son changement d’état civil, la bureaucratie tue les transsexuelles, en silence, dans ce pays.

J’ai eu peur, a mon tour, avec la cortisone, de pourrir de l’intérieur, sans m’en apercevoir, au début, un cauchemar, mais je suis parvenue a raisonner ma peur, Karina avait une autre hygiène de vie, elle fumait, beaucoup, moi je ne fume plus, je ne bois pas d’alcool depuis des mois, j’ai essayé de mètre toutes les chances de mon côté.

Je me culpabilise si je fume un peu d’herbe, pour me détendre, mais je ne recherche pas la pureté absolue, je n’y crois pas, il faut un peu de mal pour être bien, c’est une règle alchimique, et pour ce qui est des risques, il faut bien les affronter, dans cette aventure, et sereinement, s’affoler et s’angoisser ne sert a rien, bien au contraire, cela paralyse l’esprit de décision.

Je suis lucide, je sais ce que je risque, mais je sais aussi ce que j’ai à gagner, ne pas avoir franchis le cap, ne pas avoir fait le chemin que j’ai fait, c’était crever, top ou tard, c’était continuer de passer a côté de l’existence, c’était rester à quai, a voir les autres prendre le large, et continuer de naviguer en imagination, au fond d’une bouteille, au rythme des cuites, et dans le silence de ma solitude.

Je ne sais pas ce qui m’attend, après une année très difficile, mais j’ai le sentiment d’avoir mis toutes les chances de mon côté, ce qu’il m’appartenait de faire, je l’ai fais, il me faut maintenant m’en remettre a l’équipe médicale, au chirurgien, je connais son travail, Cassandre a été opérée par ce même chirurgien, et le résultat est parfait, j’ai eu de bons échos d’autres personnes opérées à Lyon, et me voilà devant l’échéance finale, je sais que jusqu’au dernier moment, je peux dire non, mais je n’en ai aucune envie, je ne suis plus qu’une seule volonté, celle d’aller jusqu’au bout, arrive ce qui arrivera,  c’est le destin, j’ai prévenu ma maman, une dame de quatre vingt sept ans, tout de même, je sais qu’elle est tendue, si il arrivait quoi que ce soit, je ne veux pas que l’on accuse les médecins de quoi que ce soit, je ne veux pas que l’on accuse le psychiatre de m’avoir manipulée, de m’avoir persuadée de quoi que ce soit, je ne veux pas que l’on accuse le chirurgien, l’endocrinologue de m’avoir détruite, personne ne m’aura détruite, ils auront, au contraire, tout fait pour m’aider, il faudra comprendre que je n’ai simplement pas eu de chance, que je suis née comme je suis, avec un trouble de transsexualisme, que j’en ai beaucoup souffert, longtemps, en silence, jusqu’à ce que, a bout de force morales, je me décide a leur demander de l’aide, ce qu’ils ont fait, c’est tout, il n’y a rien d’autre a comprendre, il n’y a pas de coupables, de responsables, ni mes parents, ni mon entourage, ni mon éducation, rien d’autre que moi, et ce mal étrange qui a rongé mon âme durant des années, dont j’ignorerai toujours le pourquoi, il y a longtemps que je ne cherche plus l’origine du mal, et que depuis, je revis, la chirurgie n’est que la phase finale de ma renaissance.

Voilà ce que je dis a ma maman, la veille de mon départ, elle m’écoute attentivement, silencieuse, je lui recommande aussi de ne pas appeler trop tôt dans le service pour demander de mes nouvelles, car l’intervention risque d’être longue, le chirurgien m’a parlé de cinq heures de bloc, je lui ai noté tous les téléphones, et je lui promet de l’appeler dès mon réveil.

Nous dînons, je lui ai préparé des plats pour quand je ne serrai pas là, je fais et je défais encore une fois mon sac, soucieuse d’avoir oublié quelque chose, je charge mon téléphone portable, je prends avec moi un petit lecteur MP3, j’aurais de la musique pour me distraire, je louerai peut être une télé, je ne sais pas encore.

Après le dîner, je bois une tisane de verveine et de tilleul, puis je dis au revoir a ma maman, je l’embrasse fort sur les deux joues, je lui recommande de ne pas s’inquiéter, je lui promet de la revoir bientôt, je sais qu’elle est soucieuse de rester seule, deux jours avant, elle est tombée dans le salon, tard le soir, une fois au sol, elle est incapable de se relever, cela est déjà arrivé plusieurs fois, là, j’ai pu l’aider a se relever, mais si je ne suis pas là…

Heureusement, elle aura de la visite matin et soir, et les infirmières qui s’occupent d’elle ont les clefs de la maison, mais quand même, je préfère me dire qu’il n’arrivera rien, je peux avoir, moi aussi, un peu de chance, pour une fois.

Je me couche, je ne tarde pas a m’endormir, je suis calme et je n’éprouve aucune angoisse, au contraire, j’ai simplement hâte de me trouver a Lyon, la veille, j’ai encore regardé la météo sur le net, car de grosses intempéries et des chutes de neiges se sont produites sur la région de la Drome, Avignon, Valence, l’Isère…jusqu’au bout j’ai parfois cru que la poisse de cette année me collait au train, mais non, le jour de mon départ, l’alerte rouge de météo France serra levée.

Huit heure, le lendemain matin, la radio de mon réveil se met en marche, je me lève, j’ai bien dormis, comme je n’aurai pas le temps de déjeuner durant le trajet jusqu’à Lyon, je fait un bon petit déjeuner, œuf dur, tranches de blanc de poulet fumé, un fruit, du thé, puis je m’habille, et range ma trousse de toilette dans mon sac de voyage, je retourne à la cuisine, achever de prendre mon thé, quand on sonne à la porte, il est neuf heure, et je n’attendais mon VSL qu’a dix heures, j’espère que le chauffeur serra quelqu’un de sympa, la route est longue.

J’ouvre, je vois Alex qui me sourit en me disant bonjour, j’ai de la chance, Alex est le chauffeur que je préfère, il m’a déjà transporté à l’hôpital de Montpellier, mais il est bien en avance, je lui dis que je vais finir mon thé, il vas m’attendre dans la voiture, je me presse, j’espère n’avoir rien oublié, puis j’embrasse très fort ma maman, je rejoint la voiture, me débarrasse de mon manteau sur la banquette arrière, je ne garde avec moi que mon sac a main, puis je m’installe à coté d’Alex, qui démarre aussitôt, nous voilà partis pour l’aventure…

Alex roule a bonne allure, et sélectionne la musique, on a les mêmes préférences, on plaisante a propos des programmes de radio, nous nous trouvons bientôt sur l’autoroute, 150 km/h de moyenne, ça vas bien, il fait beau, je blague en lui faisant remarquer que son GPS se trompe, il lui indique que nous roulons en Allemagne…il rigole, nous faisons un arrêt pour nous détendre un peu, boire un café, manger mais je n’ai pas faim, je me contente d’un thé, puis nous repartons, mes pensées filent dans ma tête, je suis contente d’atteindre le but ultime de mon aventure, soudain, je remarque a la radio une chanson, d’une chanteuse américaine dont j’ignore le nom, la mélodie est très belle, sa voix aussi, un frisson me parcours, elle exprime tellement de choses pour moi, et la beauté, tout simplement, j’aimerai acheter le disque de cette chanteuse que je ne connais pas, dont j’ignore le nom, juste pour écouter encore cette chanson, tant pis, elle restera dans ma mémoire.

Nous nous trouvons maintenant a longer le large ruban argenté du Rhône, le vent souffle avec force, Alex a parfois du mal a maintenir son cap, au bout du fleuve, au bout de la route, il y a la fin de mon aventure, il y a l’inconnu, je veux aller jusqu’au bout, le reste est déjà du passé.

Un peu après treize heures, Alex cherche le bâtiment 3C de l’immense hôpital de Lyon sud, après quelques manœuvres, il trouve et se gare, nous sommes en avance, on ne m’attendait qua quinze heures.

Nous prenons l’ascenseur et rejoignons le deuxième étage, le service d’urologie, je me présente a une infirmière, lui tend mon formulaire de pré admission, souriante, elle vérifie sur son ordinateur, « madame, je vais vous accompagner a vôtre chambre », je la suis, avec Alex, et nous nous arrêtons devant la chambre 213, au bout du couloir, c’est un bon chiffre, qui porte chance, cette idée me fait sourire, même si je ne crois qu’a la chance que l’on se donne, c’est préférable, dans certaines situations.

L’infirmière me fait un rapide questionnaire, coche des cases, j’ai perdu du poids, je ne bois pas, un verre de vin de temps en temps, je n’ai pas de problèmes cardiaques, je ne porte pas d’appareil dentaire, je ne fume pas, un peu d’herbe de temps en temps, elle sourit, cligne de l’œil, me fait remarquer que son formulaire ne mentionne que le tabac,  je fais du sport, je ne prend pas de somnifères, ni d’anti dépresseurs, je n’ai pas de diabète, j’ai déjà eu une intervention, j’ai déjà été anesthésiée, je n’ai pas désigné de personne de confiance…

Elle fixe autour de mon poignet un bracelet étanche avec une étiquette, mon nom, mon prénom, un code barre, elle reviendra me voir avec la serviette et la chemise pour la douche, avant de passer au bloc, le lendemain matin, peu de temps après, c’est l’anesthésiste qui entre, elle me demande si depuis nôtre dernier rendez vous quelque chose a changé, j’ai perdu du poids, « c’est bien », oui, c’est mieux, demain elle m’endormira, on me donnera le soir un cachet pour être zen, elle est souriante, je lui dis « a demain matin « , elle s’en vas.

Je range mon sac et mon manteau dans le petit placard penderie de la chambre 213, elle vas devenir ma chambre durant quelques jours, combien, je ne sais pas, une grande fenêtre tient toute la largeur du mur, le panorama est celui de l’esplanade intérieure de l’hôpital, un vrombissement soudain, dans le ciel, un vas et Vien d’hélicoptères , je regarde curieuse ces gros insectes métalliques s’élancer, puis je décide d’aller installer le téléphone et la télévision, on m’indique que cela se passe à la cafétéria du relais H, au rez de chaussé,  je paie téléphone et télévision, pour six jours, et prend un thé, je m’assied, assis à la table à côté de la mienne, un médecin discute avec son interne, elle lui raconte ses voyages, la Chine, le Japon, l’Argentine, la Bolivie, les USA, les japonais sont les gens les plus gentils, et bien élevés…

Je pense aux heures dans le jardin quand je m’entraînais, au images des élèves de mas Oyama, sur youtube, s’entrainant dans un torrent d’eau glacée, dans un paysage enneigé loin là bas, au pays du soleil levant.

Je me lève et je regarde dehors, la terrasse de la cafétéria, avec ses tables, ses chaises, son jardin , personne, il fait froid un 29 octobre, j’imagine toutes celles qui ont bavardé a cette terrasse en compagnie de celles et ceux qui venaient leur rendre visite, Abigaël, Cassandre, Karina, moi, je n’attend aucune visite, durant mon séjour ici, et d’ailleurs, je n’en veux pas, cette aventure est solitaire, intime, le téléphone suffira, il y en a qui m’ont bien dit qu’ils viendraient me voir, il y a des mois, mais je savais qu’ils n’en feraient rien, j’avais l’impression qu’ils me volaient un peu mon aventure, pour eux, je ne leur avait rien demandé, moi, mais ils me demandaient a quel hôpital j’allais être opérée,  et quand, ils avaient besoin de se rassurer, de me montrer qu’ils étaient capable de se comporter avec moi comme avec quelqu’un d’autre, comme avec tout le monde, mais je ne suis pas tout le monde, et je savais que pour eux, je ne serais jamais comme eux, alors pourquoi toute cette gentillesse, comme tout ça me parait loin a ce moment là, même Cassandre voulait venir me voir, je lui avait dit que ça ne serrait pas la peine, pour me voir couchée, avec une sonde urinaire, et puis elle a voulu me voir chez moi, avant mon départ, mais j’ai su qu’elle n’en ferai rien, j’ai compris qu’elle était encore fâchée, après nôtre séparation en décembre de l’année précédente, pour moi, c’était de l’histoire ancienne, pas pour elle,  tout ces gens, leurs promesses, traversent mes pensées quelques instants, comme de légères émanations de fumée au dessus d’un tas de braises qui s’éteint, qui se dissipent légères, disparaissent dans le vent froid d’automne.

Je sort de la Cafétéria, le soleil brille au dessus du ciel lyonnais, je marche vers les étendues de pelouses qui bordent l’entrée de l’hôpital, à l’écart, je me tient là, debout, je respire profondément, je fais le vide dans mon esprit, ma respiration s’enfonce dans mon ventre, je sens bientôt la vibration de mon énergie vitale, du souffle, qui fourmille dans mon ventre, mes bras, mes jambes, jusqu’au bout de mes doigts, mes bras s’élèvent, lentement, mains ouvertes, vers le ciel, j’expire profondément en les laissant  s’abaisser doucement, la pulsation raisonne en moi, des idées fugaces, sans sens logique traversent mon esprit, puis disparaissent peu a peu, je ne suis plus qu’un geste, un mouvement, un souffle, je fait quelques mouvements très lentement de Tai ji quan, à travers l’air dense, le fourmillement passe d’une main à l’autre, « mouvoir les mains comme des nuages », cette sagesse de cet art martial me vient alors à l’esprit, qui dit que « derrière le gris des nuages, le bleu du ciel reste le même », j’aurais besoin demain de toute mes forces, et de cette énergie vitale, le reste importe peu, je n’éprouve aucune amertume, aucun sentiment de déception pour tout ce qui a précédé ce moment.

Je regagne ma chambre, l’infirmière m’y rejoint bientôt, me demande si j’ai pris avec moi ma Bétadine rouge, si je me suis épilée comme me le demandaient les consignes écrites de l’hôpital, oui, j’ai fait tout ça scrupuleusement, elle dépose sur mon lit une chemise et une serviette, je lui demande si je dois prendre ce soir et demain la douche, double, comme le disent les consignes, elle me répond, souriante, « non, ce soir juste une douche, et vous faite vôtre shampoing avec la Bétadine, demain matin, vous vous doucherez juste le corps, ça suffira, vous êtes en première ligne, ont viendra donc vous prendre très tôt, on vous réveillera vers six heures et demie », c’est parfait, puis elle me montre un tube avec a son embout une canule, « c’est un lavement, pour éviter des désagréments aux chirurgiens, quand vous serrez au bloc, il vous faudra le prendre, ce soir, je vous conseille de le faire avant vôtre douche, videz bien tout le tube, vous placez la canule dans l’anus, et vous videz le tube, ensuite, attendez, quand vous aurez vraiment besoin d’aller aux toilettes, alors allez y », j’ai bien compris, « restez a jeun a partir de minuit, c'est-à-dire pas de nourriture, et ne buvez pas non plus, demain, je vous apporterai vos médicaments, et vôtre prémédication », bien, je ferais tout cela, je lui demande si elle me donnera un somnifère, elle me répond que oui, vers dix heures ce soir, puis elle s’en vas.

Je remarque sur ma tablette un vase en verre, je comprends ce que l’on attend de moi, d’ailleurs une infirmière frappe à la porte de ma chambre, et entre, « je n’ai pas vôtre pipi ! » me dit elle,  amusée, je lui répond qu’elle l’aura dès que l’envie s’en ferra sentir, elle repassera plus tard, je redescend au rez de chaussé, à la Cafétéria, m’acheter un magazine, j’ai dans ma précipitation du matin oublié mon savon, et mon sèche cheveux, j’achète un numéro spécial de « Géo » consacré au tour du monde de Tintin, c’est la première fois depuis des années que j’achète une revue, je ne lisais plus, a cause de mes problèmes aux yeux, mais depuis quelques temps, j’ai récupéré de la vision, alors pourquoi ne pas essayer, de retour dans la chambre 213, je découvre avec surprise que je lis parfaitement bien mon magazine, je ne bute même pas sur les mots, et ça juste a la lumière du jour, près de la fenêtre, c’est formidable de pouvoir lire a nouveau, quelle émotion…

J’appelle chez moi, pour donner mon numéro de téléphone, et rassurer ma maman, quand je lui annonce que je lis, elle n’en revient pas, je sens a quel point elle est heureuse a travers le téléphone, si loin…

Je lui promet de l’appeler le lendemain, dans la soirée, je serrai encore probablement dans le cirage, je verrais bien, pour le moment, je profite de la fin de l’après midi pour m’occuper de ma forme, je fait quelques exécrasses d’assouplissement, j’étire jambes et bras, je fais travailler mes hanches, mon bassin, car je ne sais pas durant combien de temps l’exercice me serra interdit, et je vais être immobilisée de longues heures, mon téléphone portable m’averti que j’ai reçus un SMS, je le lis, c’est un message de Cassandre, envoyé a neuf heure trente, le matin, « Voilà, tu y es maintenant, fais confiance  a Nicolas Morel Jourmel, c’est un homme de l’art… », pourquoi ce message, et cette recommandation, je n’ai pas besoin qu’elle me dise de lui faire confiance, je ne serrai pas là si je n’avais pas confiance dans ce chirurgien, elle est parvenu a s’introduire ici, dans ma vie, dans mon aventure, elle a brillé par son absence et maintenant, elle s’introduit, furtivement dans cette chambre 213, alors que je le lui ai rien demandé, durant quelques minutes, je suis en colère contre elle, mais ça ne sert a rien, je ne veux pas qu’elle parvienne encore a me pourrir, surtout pas ici, et a ce moment, ce qui vas se jouer le lendemain est ce qui compte le plus pour moi, pour faire fonctionner mes reflexes, j’exécute quelques mouvements de karaté kyokushin, ça me fait du bien, puis un kata respiratoire, Tensho no kata, ou s’alternent les mouvements très lents,  avec une respiration abdominale sonore, sorte de Kiai au ralenti, et des mouvements très rapides des mains, Tensho no kata est le fondement de la self défense,  je le pratique quotidiennement,  puis je range mes affaires, je dissimule mon portefeuille dans mon sac, je range dans le tiroir de la table de nuit mon lecteur MP3, mes lunettes, je note sur une feuille de papier, en grosses lettres, des numéros de téléphone, je ne sais pas dans quel état sera ma vision après l’anesthésie, mieux vaut prévoir les troubles de la vue.

Je ne pense plus a ce SMS de Cassandre, je verrai bien ce que j’en ferrai plus tard, je me change, me voilà en T-shirt et pantalon de pyjama, je prend le vase de verre, pour les analyses d’urine, comme il est évasé, je vais m’en servir debout, c’est la première fois que je fais pipi debout depuis quatre ans, et je me dis que c’est la dernière aussi, heureusement, j’en ai totalement perdu l’habitude, et je finis assise sur les toilettes, peu de temps après, l’infirmière passe prendre le petit vase de verre, puis un agent hospitalier me sert un plateau repas, qu’il dépose sur une table roulante, en me souhaitant bon appétit, une soupe de légume dans un bol, une compote de pomme, un frugal dîner, mais je n’ai pas très faim, curieusement, car la cortisone creuse l’appétit.

Après ce dîner, je part en quête d’un sèche cheveux, je demande aux infirmières de nuit si elle pourraient m’aider, oui, elles ont des sèche cheveux pour les patients, je leur promet de le leur rendre dès que j’ai finis, mais elles m’assurent que c’est sans importance et que je n’ai pas a me presser, elles le récupéreront le lendemain, pour le savon, il y en a un grand flacon au mur du lavabo de la salle de bain de ma chambre, de retour dans celle-ci, je me décide a m’administrer le lavement, je veux respecter les consignes a la lettre, me voilà donc au dessus des toilettes, pas facile de vider ce grand tube, je dois m’y reprendre, j’imagine que d’autres ont abandonné après deux ou trois pression, finalement, je parviens a le vider entièrement, puis je le jette, je ne tarde pas a éprouver un léger mal au ventre, qui vas s’amplifiant, je me couche sur le lit, une fois allongée, j’ai moins mal, je regarde la télé, je passe d’une chaîne à l’autre, toutes m’ennuient, après un moment, l’envie d’aller aux toilettes se fait franchement pressente, j’essaie de tenir le plus longtemps, puis je me décide, j’espère que tout est parti dans les toilettes, j’en ai l’impression, je veux que demain, tout se passe bien, j’en profite pour prendre ma douche, avec la Bétadine rouge, moussante, qui en réalité mousse bien peu, je fais le shampoing avec et insiste sur les oreilles, le visage, les pieds, tout le bassin, je me rince et me sèche avec mon drap de bain, l’odeur de la Bétadine flotte dans l’atmosphère chaude et humide de la salle de bain.

 Je me sèche les cheveux, puis je vais rendre le sèche cheveux aux infirmières, peu après mon retour dans ma chambre, on frappe à la porte, c’est le docteur Morel Jourmel qui entre, il me dit, chaleureusement avec le sourire » enfin le moment tant attendu demain !..comment allez vous ? », je vais bien, docteur, oui, demain, le grand jour, je me sens bien, « demain, vous prendrez vôtre douche, et puis on viendra vous chercher » il s’assure que j’ai tout ce qu’il me faut, on fait une dernière fois le point, la cortisone ne lui posera pas de problème, il contrôlera le risque infectieux, il est serein, calme, comme d’habitude, il profitera de l’intervention pour me retirer une verrue sur la cuisse gauche, elle est disgracieuse, et me gène quand je porte des collants ou des vêtements apprêtés,  je me sens bien, j’ai une grande confiance en lui, avec beaucoup d’humilité, il donne le sentiment d’avoir une grande maîtrise de ce qu’il fait.

Il quitte ma chambre en me disant bonsoir, je lui dis « a demain, docteur », puis je m’installe sur mon lit, regarde la télé, une infirmière viens m’apporter un comprimé, pour m’aider a passer une bonne nuit « c’est un comprimé d’Atarax »,  je connais ce médicament, il est utilisé en psychiatrie, pour calmer et surmonter l’angoisse, je n’aime pas ce genre de drogue chimique, je lui dis que je le prendrais peut être, si je ne parviens pas a m’endormir, c’est le genre de drogue chimique qui vous endort de façon hypnotique, un sommeil artificiel , je préfère m’endormir naturellement, le achet restera sur ma table de nuit, elle me recommande encore une fois d’être a jeun a partir de minuit, puis elle s’en vas, je n’aurais maintenant plus de visites jusqu’au lendemain, vers minuit, j’éteint la télé, je m’endort sans difficultés, je dors d’un bon sommeil, sans rêves…

Une faible lueur traverse les persiennes de la fenêtre, une infirmière entre, c’est elle que j’ai vu la veille au soir, je me réveille,  « vous n’avez pas pris vôtre comprimé ? », non, je n’en ai pas eu besoin, « bon, voilà un autre Atarax, vous le prendrez dans une heure, quand je vous apporterais vos médicaments, la cortisone, mais ne prenez pas les deux Atarax, ça serait trop d’un coup, celui-ci, c’est vôtre prémédication, il vous faudra le prendre », bien, je le ferais, c’est ce que je fais, après avoir pris ma douche a la Bétadine, et m’être vêtue de la chemise pour aller au bloc, je lui demande si je dois rester allongée sur le lit, elle me réponde que ce n’est pas la peine, que je peux me recoucher dans le lit, car d’habitude, avant le bloc, il est recommandé de ne pas se remettre dans son lit, je me glisse sous les couvertures, je suis détendue, j’attend que l’on vienne me chercher, je commence a somnoler, quand deux brancardiers se présentent.

Des gars costauds, ils me sourient, me disent qu’ils vont m’amener en haut, au bloc, l’un d’eux porte une tenue de bloc, un masque sur le cou, un calot, l’autre un long tablier blanc, qui m’évoque une tenue de boucher, il me rappelle la tenue des médecins sur les photos anciennes, je remarque le parfum de l’after shave de l’un d’eux, qui flotte dans l’air, je ne sais pas pourquoi, mon esprit se fixe sur ce parfum, il manœuvrent mon lit, je suis couchée, me font rouler à travers le couloir, je regarde en contre plongée des visages d’infirmière qui me regardent, furtivement, en bavardant, les deux brancardiers ont blagués avec moi, dans la chambre, ils m’ont recommandé de ne pas laisser trainer de bijoux, car ils les raflent pour les revendre, je leur ai répondu que je pouvais participer a leur négoce, en visitant les autres chambres, ils ont ris, l’atmosphère est franchement détendue, c’est bien, nous entrons dans un ascenseur, je remarque au plafond de celui-ci une myriade de petites lampes allogènes, de taille différente, je trouve ça très beau, le designer a eu de l’inspiration, l’ascenseur s’élève, doucement, presque sans bruit, puis nous roulons dans un long couloir, de chaque côté de mon lit, des chariots métalliques avec du linge, des cartons, des infirmières en tenue de bloc qui parlent entre elles, une radio qui égraine les nouvelles du jour, le brancardier avec le masque fait rouler mon lit jusqu’à une pièce, un peu sombre, et petite, il fait frais, il place sous la couverture de laine qui me couvre un dossier, lit ce qui est écrit sur mon bracelet, il s’excuse avec un sourire de devoir m’abandonner quelques instants, me demande encore si je ne porte ni bijoux, ni prothèse dentaire,  des infirmières passent près de moi et me saluent, »bonjour madame », je leur répond, puis le brancardier revient, il place a coté de mon lit un long brancard métallique, munis d’étriers de gynécologie, puis me demande de glisser de mon lit sur le brancard, ce que je fais, il y a une sorte d’oreiller en cuir, rond et petit, il me demande ensuite de glisser jusqu’au bord du brancard, ce que je fais, il insiste, « encore, plus au bord », je me trouve les fesses à raz bord du brancard, »voilà, c’est bon », je place mes pieds dans les étriers, il me tend une charlotte et me demande de bien couvrir tous mes cheveux avec, puis de laisser reposer ma tête sur le petit oreiller, une fois que c’est fait, il fait pivoter le brancard, nous entrons juste à coté, dans le bloc.

C’est une grande salle, toute blanche, avec sur le côté qui se trouve à ma droite une grande baie vitrée, je remarque à gauche une grosse pendule, qui indique neuf heures, des infirmiers et infirmières sont là, qui s’affairent a je ne sais quoi, en bavardant, au plafond, de grandes lampes circulaires montés sur des bras articulés, le brancardier fait glisser sur des rails le brancard, sous les lampes, une fois celui-ci callé, il me place sur les jambes des jambières auto fixante,  « c’est un appareil qui vas vous masser les jambes durant l’intervention, il fonctionne de façon alterné, une jambe, puis l’autre, je le branche, vous me direz si il marche bien », au bout d’un moment, il me regarde, interrogatif, non, désolée, ça ne marche pas, il s’y reprend, vérifie le branchement, au bout d’un moment, la jambière à gauche se gonfle, avec un vrombissement, et me masse le mollet, puis elle se dégonfle et la droite prend le relais, là, ça marche, il est satisfait, il me demande mon nom, mon prénom, ma datte de naissance, je lui répond, « c’est bien vous, pas d’erreur », non, pas d’erreur, il ne vaut mieux pas…

Une infirmière, je ne l’ai pas vue venir, me découvre la poitrine, « je vais vous placer des électrodes », elle place sur ma poitrine des patchs, avec des câbles, j’entend mon cœur, au loin, sur un appareil, puis une autre, anesthésiste, se présente, « je vais vous piquer et vous injecter un produit qui vas vous détendre a fond, dans un premier temps, et ensuite on vas vous endormir ,serrez le poing madame », je le fais, mais elle peine a trouver une veine sur ma main, « serrez plus fort ! », c’est bien ce que je fais, mais j’ai l’impression désagréable de manquer de force, je serre, je l’entend qui dit a sa voisine, « je n’ai pas de veine, elles sont trop fines, je ne peux pas la piquer », un instant, j’ai peur que l’on ne puisse pas m’endormir, alors…tout s’arrêterai là, mais non, je me raisonne très vite, il existe mille moyens de m’endormir, et tout se passera bien, l’autre infirmière essaye, « je vais devoir vous piquer près du poignet, quand j’injecterai le produit, ça risque de brûler et d’être un peu douloureux, mais bientôt, vous vous sentirez super bien et vous ferez un beau voyage.. » elle me souris, je lui dis d’y aller, je ne crains pas la douleur, je ne sens rien, le brancardier et les infirmières se tiennent près de moi, il me demande comment je fais pour être aussi zen, aussi calme, je n’ai même pas pris mon atarax la veille, je lui répond, je parle du Tai ji quan, de la respiration, du kung fu, « il me répond » ha oui, le kung fu, ils sont habillés en noir », oui, j’ai soudain l’impression de ne plus contrôler mes pensées, je dis spontanément ce qui me vient a l’esprit, je parle du Japon, de la Chine, de la civilisation Khmère, il me questionne, je parle des entraînements de kyokushinkay, « mais c’est trop dur de se renter dedans, moi je pourrais pas, comment ils font, je croyais qu’au karaté, on ne se touchait pas, c’est dangereux »,  je répond, comme dans un rêve » non, si tu ne porte pas les coups, ça ne vaut rien, tu ne peux pas juger de l’efficacité de ce que tu apprend , «  mon esprit se vide comme un évier…

 

Je me réveille, dans mon lit, comme je me suis réveillée plus tôt, dans ma chambre, je me sens bien, je n’ai pas mal, je perçois les bruits du bloc, à coté, les infirmières qui vont et viennent, sous ma couverture de laine, j’ai aussitôt la sensation de la zone opérée sous un pansement, la première chose que je ressent est un gonflement de mon clitoris…toute cette partie est comme gonflée, avec un fourmillement, ce n’est pas désagréable, juste curieux, et très sensible, puis je remarque la présence de ce que je devine être le conformateur, dans mon vagin, une sorte de moule que l’on place dans celui-ci, mais ce n’est pas douloureux, j’ai cette impression de mon clitoris qui affleure sous les compresses, je réalise que j’ai été opérée, ça me rassure, je suis heureuse, le docteur Morel Jourmel vient me voir, avec sa tenue vert menthe de chirurgien, calmement, toujours souriant, il me dit »tout c’est bien passé, vous ne souffrez pas ?...bon, ça a été très bien, pas de difficultés » je lui demande si il a prélevé de la peau sur la cuisse, mais je ne pense pas, car je ne sens rien sur ma jambe, »non, ce n’était pas la peine, il y avait assez de peau, très souple, très facile a travailler, voilà, on vas vous ramener dans vôtre chambre, et moi, je passerai vous voir ce soir, reposez vous, maintenant… », Je suis étonnée de ne rien sentir de douloureux, juste ce fourmillement, « je vous dis a ce soir, docteur, merci, merci »  il s’efface, avec dans le regard la satisfaction du travail bien fait, je me sens en pleine forme, et impatiente d’être dans ma chambre, on me redescend dans celle-ci, une infirmière m’indique le petit boitier avec un bouton pour actionner la réserve de morphine, « si vous avez mal, n’hésitez pas a appuyer »,  je le ferais, mais je n’ai pas mal,  une fois qu’elle referme la porte, je prend le téléphone, j’appelle chez moi, ma maman décroche, elle est stupéfaite de m’entendre, et de me savoir en pleine forme, elle est heureuse de savoir que tout s’est bien passé, il n’est que quatorze heures trente, elle a appelé dans le service a quatorze heures, mais on lui a dis que j’étais encore au bloc, et que tout se passait bien, je la rassure a mon tour, je ne souffre pas, et tout fonctionne, elle est sous le choc de la surprise, puis je raccroche…

L’infirmière vient prendre ma tension, ma température, tout est normal, elle reviendra plus tard, mes pensées se mélangent, dans une euphorie qui s’empare de moi et ne me lâche plus, j’écoute les bruits du couloir, tout s’estompe, je m’endors, puis je me réveille a nouveau, j’ai chaud, mon bas ventre me tiraille, ce n’est pas douloureux, mais un peu désagréable, les fourmillements dans la zone sensible se sont un peu apaisés, je remarque qu’un tube qui sort de ma sonde urinaire vas se vider dans une poche de plastique, des infirmiers viennent la vider dans un grand bocal, je n’imaginais pas qu’un être humain pouvait contenir tout ça…

Une infirmière vient me voir, me demande si tout vas bien, et m’apporte du Doliprane, et un antibiotique, je sais que je dois boire, beaucoup, pour éviter une éventuelle cystite, qui se déclare quelques fois après ce type d’intervention,  alors c’est ce que je fais, la sonnette pour appeler les infirmières ne quitte pas ma main droite, j’ai le souvenir de ce qui est arrivé a Cassandre, elle a perdus beaucoup de sang, mais comme celui-ci se rependait dans les compresses, et les protège slip, les infirmière n’ont rien remarqué d’anormal, elle s’est sentie partir, elle a eu juste le temps de sonner, et puis on l’a amenée en réanimation pour la transfuser, alors je ne lâche pas la sonnette, au cas ou…elle me demande si elle peut jeter un coup d’œil sous mon pansement, « bien sur », elle le soulève doucement, « tout vas bien, »…

En fin d’après Midi, le docteur Morel Jourmel frappe a ma porte, je suis touchée qu’il soit si attentif, il me demande comment je me sens, toujours aussi calme, aussi serein, je lui répond que je me sens en pleine forme, et c’est bien la vérité, même si je suis fatiguée, la morphine et l’anesthésie y sont pour quelque chose, a son tour, il regarde sous mon pansement, une lueur de satisfaction illumine son regard, « c’est parfait, nickel ! », il a le  don de me communiquer son calme et sa bonne humeur, je sais que j’ai été très bien opérée, je me sens toujours autant euphorique, ses internes passerons me voir, les jours suivants, car il doit s’absenter, mais on pourra le joindre a tout moment par téléphone, en cas de besoin, il me dit que ce soir, ou demain, je vais me lever, puis, dans deux jours, on me retirera mes pansements, le lundi suivant, la sonde et le conformateur, et je rentrerai chez moi…je le remercie encore, il s’en vas, on vient a nouveau prendre ma tension, ma température, tout vas bien, puis on me sert un repas, un plateau complet, avec un potage, je remarque que le potage est salé, avec la cortisone, je ne dois pas manger salé, je l’avais précisé dans le questionnaire d’entrée, j’appelle, on s’est trompé, on part me chercher un repas sans sel, je mange de bon appétit, mais ce n’est pas facile, a moitié couchée dans le lit, j’ai du mal a m’asseoir, mon bas ventre est enflé, et la posture assise le comprime, ça tire sur les cicatrices, après le repas, je regarde la télé, puis j’éteint la lumière, je m’endors.

Au milieu de la nuit, une infirmière passe me demander si tout vas bien, puis elle vide le flacon de la sonde, s’en vas, silencieuse, je m’endors a nouveau.

On se lève tôt, à l’hôpital dès les premières lueurs du jours, j’ouvre a l’aide de la télécommande les persiennes de la chambre 213, on vérifie ma tension, ma température, puis on m’apporte le petit déjeuner, un thé, des biscottes, du beurre, de la confiture que je ne peux pas manger, a cause du sucre, interdit avec la cortisone, je demande à l’infirmière si je dois la prendre, ou si elle se trouve dans la perfusion, oui, je dois prendre mes cachets, et un antibiotique,  je prend mes cachets, puis je déjeune, je me sens en forme, vers dix heures, un infirmier et l’infirmière frappent à la porte, ils entrent, ils vont faire mon lit, et ils me disent qu’ils vont pour cela me faire lever, ils ont l’air décidés, l’infirmière me dit que je ne dois pas rester couchée, je risque de me faire des esquarres, bon, je comprend qu’ils sont formés a mètre un peu la pression sur les personnes qui refusent de se lever, après une opération, moi j’ai pris le parti d’observer les consignes a la lettre, même si je préférerai rester au lit, je dois participer c’est important pour la suite, je les assure de faire un effort, avec la meilleure volonté, « essayez de pivoter doucement sur vôtre lit », elle n’a pas achevé sa phrase que me voilà a demie assise, en appuis sur mes bras, a faire pivoter mon bassin, je glisse mes jambes hors du lit, mais quand je m’assied, au bord du lit, je sens une énorme pression sur mon bas ventre, c’est douloureux, je parviens péniblement a me tenir en, appuis sur les mains, et la plante des pieds par terre, « vous avez un gros hématome sur le bas ventre, c’est normal, mais c’est douloureux », oui, ça l’est, elle a rapproché du coté ou  je me suis levée la perfusion, pour ne pas me gêner dans cette délicate manœuvre,  l’infirmier lui s’occupe de la poche de ma sonde urinaire, assise au bord du lit, je sens le conformateur qui pénètre plus avant dans mon ventre, c’est désagréable, d’autant que je devine qu’il est fixé par des points, je ne veux pas que ça lâche d’un coup, une seule solution, me lever et me tenir debout, ce que je fais, debout, ça vas mieux, mais ça tire sur le devant, et ça m’élance entre les jambes, car c’est enflé, avec la station debout, l’afflux sanguin dans l’entrecuisse et le mont de vénus est plus important, et l’hématome est douloureux, je n’y ai pas fait attention quand je me suis assise, et je l’ai comprimé d’un coup, la station statique est pénible, je transpire, marcher est inconfortable avec le conformateur dans le vagin, j’ai l’impression de me déplacer au ralenti comme Charlot au Cinéma, « je dois ressembler a la fiancée de Charlot », ils rient, « tant que vous avez le conformateur et le pansement, oui, c’est pénible, après vous verrez, ça iras mieux, essayez d’aller à la salle de bain, faire vôtre toilette », elle me tend une culotte propre, large en coton blanc, qui couvre des cuisses jusqu’au nombril, et un protège slip tout neuf, j’abandonne sur le lit la chemise et je vais à la salle de bain, avec tout mon attirail, il est évident que mieux vaut ne pas fermer la porte, et tant pis pour la pudeur, je suis à l’hôpital, les hommes et les femmes qui sont là sont des soignants, la pudeur n’est pas de mise, dans ma situation, une fois devant le lavabo, je dépose doucement la poche de la sonde au sol, en la maintenant par le câble en plastique, car je ne peux pas me baisser, si je me penche, je presse sur l’hématome, j’essaye de lever, l’un après l’autre, mes pieds, pour me débarrasser de ma culotte, je parviens a les lever suffisamment, c'est-à-dire jusqu’à mi mollet, en me tenant au lavabo, ce n’est pas le moment de tenter des prouesses d’équilibriste, le protège slip est rouge de mon sang, normal, ça ne m’effraie pas, j’ai chaud, je transpire a grosses gouttes, puis je colle le protège slip neuf sur la culotte de rechange, du mieux que je le peux, en essayant de bien le caler au centre, et je parviens a enfiler celle-ci, cette gymnastique me coute un effort et me fatigue, derrière moi, l’infirmière et l’infirmier changent mes draps et font le lit,  rapidement, mais moi j’ai l’impression que le temps s’écoule très lentement, j’ouvre le robinet, je me lave avec le savon et l’eau fraiche le visage, ça fait du bien, puis la poitrine, les essaies, les bras, mais je me sens fatiguée, et je transpire a nouveau a peine terminé ma toilette, je brosse mes cheveux, je me regarde dans la glace, je suis pâle, mais ça vas, l’infirmière entre dans la salle de bain, »vous voulez que je vous lave le dos, madame ? », oui, je veux bien,  elle prend mon gel douche, et me savonne le dos, ça fait du bien, mais ça dure, puis elle me seiche et me tend la serviette, je m’éponge le front, elle est repartie dans la chambre, je respire doucement, j’ai vraiment trop chaud, je devine que dans peu de temps, je risque de partir, de me retrouver KO, j’essaye d’évaluer le temps dont je dispose avant de m’évanouir, de quoi regagner mon lit sans paniquer, mais pas plus, dans ce cas là, il faut respirer a fond, et profondément, avec le ventre, ça retarde la venue du KO, l’infirmière l’a remarqué, elle vient me voir, « ha !..Ça ne vas plus du tout là, vous avez un très gros coup de chaud, il vous faut vous coucher, c’est signe que vous allez faire un malaise, venez », je lui réponds « oui, là j’arrive a la limite, ce serrait mieux », je parviens a me recoucher, dans le calme, cela ne servirait a rien d’affoler tout le monde, une fois au lit, elle part chercher des serviettes humides, me tamponne le visage le front avec, « un gros coup de chaud comme celui-là, ça ne trompe pas, vous alliez partir ! », elle a vraiment eu peur que je m’évanouisse, mais tout c’est bien passé, « vous en avez assez fait pour aujourd’hui, c’est bien, maintenant, reposez vous », ils quittent la chambre, la grosse chaleur s’en vas peu a peu, je me sens mieux, je suis contente d’avoir pu me lever et faire ma toilette, la douleur dans l’hématome s’estompe.

Le jeune interne du docteur Morel Jourmel, que j’ai déjà rencontré lors de ma dernière consultation passe me voir, avec l’infirmière, ce jeune médecin est comme son chef,  très sympathique, toujours souriant, il me demande gentiment si il peut regarder sous mon pansement,  « ça a très peu saigné, c’est nickel !, a J3, on enlève le pansement… », bon, le spectre d’une grosse hémorragie, ce qui arrive quelques fois dans ce type d’intervention s’éloigne, ça me rassure, le pansement est maintenu par des fils et des points, ça tire et ça me gène, a mon tour, le soir, je soulève doucement la compresse, mais je n’aperçois rien d’autre que le haut du mont de Vénus, le drain, et le câble de la sonde, j’essaye de m’imaginer a quoi cela ressemble, d’après ce que je ressens, les fourmillements et les gonflements dans la zone sensible m’indiquent que tout fonctionne bien, après le dîner, les vidages de la poche plastique et les vérifications de la tension et de la température, je m’endort.

Au milieu de la nuit, je me réveille, ça tire sur les cotés, c’est douloureux, ça m’élance, je n’ai pas abusé de la morphine, car je veux pouvoir être en mesure d’évaluer la douleur, si c’est une douleur persistante, aigue, et qui augmente d’intensité d’heure en heure, cela peut être le signe d’une infection, mais là, je devine que ce n’est que la douleur de la cicatrisation, de l’afflux sanguin dans la zone enflée, j’appuie sur le bouton du distributeur de morphine, j’entend un petit bruit électrique, aussitôt, la morphine fait son effet, je le ressent dans le cœur, qui ralentit, il n’aime pas trop ça, mais je n’ai plus mal, en revanche, j’ai chaud, je transpire, mes idées se suivent sans aucune  suite logique, je me dis en souriant, que je suis partie à Shanghai, dans une fumerie d’opium, je repense au « lotus bleu », l’album de Tintin, je m’endort.

Je rêve, dans mon rêve, des guerriers armés de lances, de boucliers, qui m’entourent, je regarde leurs lourds boucliers, ornés de motifs géométriques, ils sont a peine vêtus de couleurs ternes, marrons, gris, je les trouve ridicules, dans leur attitude qui se veut farouche, ils ont l’air tristes, comme abattus, ils m’entourent, mais je n’ai pas peur, dépités, ils finissent par s’éloigner, disparaître, dans mon rêve, je suis en train d’abandonner le monde viril, le mythe de la virilité, de ses valeurs, une fois les guerriers disparus, je me sens bien, je me réveille, quelle heure est il, je n’en sais rien, l’infirmière de nuit passe, puis s’en vas, je m’endort a nouveau.

Le lendemain, après avoir pris mon petit déjeuner, et après que les infirmières aient effectués les contrôles de routines, je reprend mon traitement hormonal, je ne veux pas manquer d’œstradiol, j’applique donc le gel sur mon ventre, puis je me lève, l’hématome est toujours douloureux, et la station statique est pénible, avec le conformateur, et les points du pansement qui tiraillent, l’afflux sanguin dans l’entrejambe est douloureux, ce n’est pas insupportable, mais c’est désagréable, je dois me livrer a une gymnastique déterminée a l’avance pour pouvoir réunir près de moi la perfusion, la sonde urinaire, je respire un peu, je tente de respirer avec le ventre, et de faire circuler le souffle vital dans les méridiens, c’est lent, le souffle est léger, mais ça vient, quand je parviens a sentir le souffle qui s’enfonce dans le point situé sous le nombril, celui que les Chinois considèrent comme le centre et la source de toutes les énergies, je suis rassurée, tout fonctionne, j’avais peur que l’opération endommagé cette partie, je me recouche.

L’infirmière entre dans ma chambre, avec un petit chariot métallique sur lequel se trouvent des compresses, des pinces des ciseaux, de la Bétadine jaune, bonne nouvelle, elle va me retirer le drain, et le pansement, la quantité de sang évacuée par le drain est minime, a peine vingt cl, c’est rare après ce type d’intervention, et tant mieux, avec beaucoup de précautions, et après m’avoir avertie que cela peut être un peu douloureux, elle détache le drain, puis elle le retire doucement, « expirez … », c’est ce que je fais, car je sais qu’il faut expirer pour encaisser la douleur, et se détendre, mais ce n’est pas très douloureux, je m’attendais a pire, c’est juste un peu désagréable, puis elle retire a l’aide pinces, un a un, les points du pansement, encore une fois, cela se passe très vite, et c’est un peu désagréable mais pas trop douloureux, le pansement est rouge de sang, mais comme elle me le dis, il est d’ordinaire écarlate, bien plus imbibé de sang, c’est donc bon signe, elle me nettoie avec de l’eau fraiche, retire patiemment quelques croutes qui se sont formées sur les cicatrices, me nettoie une nouvelle fois avec la Bétadine, voilà, c’est fait, elle est souriante, »tout est parfait ! », Je n’en attendais pas tant, « voulez vous que je vous apporte une glace, pour vous voir, vous n’êtes pas obligée, certaines patientes n’en ont pas envie mais là, vous pourrez voir que c’est vraiment très bien, vous voulez ? » Elle a un superbe sourire, oui, je veux, je suis impatiente, elle s’en va, puis reviens, elle place la glace entre mes jambes, l’oriente, je vois, mais je dois porter mes lunettes, une fois munie de celle-ci, je me découvre dans le reflet de la petite glace, c’est une grande émotion, je me vois exactement telle que je m’étais imaginée, idéalement, je n’ai pas de mots pour décrire l’émotion que j’éprouve, je vis une vrais renaissance morale, le travail du chirurgien est d’une grande finesse, et comme elle me le fait remarquer, »il y a encore l’enflure, les hématomes, les cicatrices » mais malgré ça, ce sexe, le mien maintenant, est a le voir fidèle a l’ »original », je le trouve beau, je me sens enfin entièrement moi, entièrement femme, j’éprouve une joie intérieure qui dépasse ce que j’avais imaginé, depuis l’enfance, j’ai imaginé cet instant tant de fois, comme quand je faisait disparaître mon sexe entre mes cuisses, debout, devant la glace qui se trouvait dans le grenier de la maison familiale, il y a longtemps, il me semble tout d’un coup que c’était il y a des siècles…

 Elle me tend la glace, je regarde, encore, et encore, je lui communique ma joie, nous commentons ce travail de chirurgie si minutieux, je pourrais y passer la matinée, mais je lui rend la glace, j’aurais maintenant tout ce qu’il me reste a vivre pour me découvrir, me sentir bien avec moi-même, avec ce corps enfin a moi, ce corps qui ne me trahis plus, même avec la sonde, le conformateur que j’ai aperçus, cette partie de moi-même est belle, rien que parce qu’elle est a moi, enfin.

J’ai éprouvé cette émotion quand, avec les traitements hormonaux, mon visage a changé, quand mes seins ont poussés, ma silhouette s’est féminisée, à chaque fois, c’était une joie intense que j’éprouvais, mais là, ça dépasse ces moments là.

Les cachets de Doliprane s’accumulent sur ma table, et je n’ai usé de la morphine que trois fois, ce qui étonne toujours les infirmières, « vous collectionnez les Dolipranes !...n’hésitez pas a appuyer sur la commande de la morphine », mais je n’en ai pas envie, je me sens assez forte pour supporter l’inconfort, les petites douleurs, je sais qu’au  bout de mon aventure, il y a , enfin, la vraie vie qui est maintenant la mienne, j’ai une énorme envie de faire tant de choses, quand je serrais rétablie, tout les voyages que je n’ai jamais fait, tout ce qu’il me reste a apprendre, et tellement d’autres choses, vivre, vivre intensément, vivre ma nouvelle vie, aimer, partager, le monde est soudain si beau, a regarder, quand on se sens bien avec soi même.

La perfusion ne tient pas en place, on a déjà du la sécuriser avec du sparadrap, le deuxième jour, autour de ma main gauche, heureusement elle a tenue durant l’anesthésie, bien sur, mais là, je m’aperçois que l’aiguille est sortie de la veine, j’appelle avec la sonnette, l’infirmière vient bientôt me voir, évidement, c’est embêtant…elle replace l’aiguille dans la veine, et tant bien que mal replace le sparadrap, je prend garde de ne pas trop bouger mon poignet gauche, je regarde un peu la télé, le soir, après le dîner, puis j’appuie une dernière fois sur le bouton du distributeur de morphine, j’ai un peu mal, mais j’ai envie de passer une bonne nuit, sans me réveiller, et sans ressentir l’inconfort du conformateur de la sonde, et les élancements dans la partie enflée, mais j’ai l’impression que la morphine n’est pas très efficace, peut être la perfusion qui n’est plus en place…

Le lendemain, je le fais remarquer a l’infirmière, il est mieux de la retirer, je n’ai plus besoin de la morphine, et je prend mon traitement et mes antibiotiques par voie orale, donc, elle me retire la perfusion, me voici plus libre de mes mouvements, il reste la sonde urinaire, mais je peux aller et venir dans la chambre 213, faire ma toilette seule, la station debout statique est toujours pénible, mais quand je marche, ça vas, je ne sens presque rien, juste la gène du conformateur, je me demande comment est il possible que je n’éprouve pas plus le besoin de me rendre aux toilettes, d’autant que je vide les plateaux repas, en revanche, je me suis transformée peu a peu en véritable gazogène…quand j’en parle aux infirmières, elles ne s’en inquiètent pas, c’est normal après l’opération, et elles m’encouragent a me laisser aller, même en leur présence, je ne pourrais pas aller aux toilettes, tant que je porte le conformateur, donc…durant presque une semaine !

L’interne quand il passe me voir, me le confirme, il m’explique que le port du conformateur dans le vagin empêche les selles de passer correctement dans le colon, et qu’il est presque impossible de les évacuer, il me propose un suppositoire pour aider le transit a se faire, et éventuellement tenter d’aller aux toilettes, mais je n’en veux pas, j’ai peur que l’effet soit trop fort et trop rapide, je ne veux pas non plus me retrouver avec la courante…

L’infirmière, elle  me propose une sorte de gelée rose, « c’est très doux, vous ne risquez rien », bon, je lui fais confiance, je ne la prendrais que la veille du jour ou l’on me retirera le conformateur et la sonde.

Une kinésithérapeute vient aussi me voir, elle m’a fabriquée une bouée dans une grosse plaque de mousse, pour m’aider a m’asseoir dans le fauteuil, et elle me conseille de bouger mes pieds et mes jambes, pour éviter les phlébites, ce que je fais, mais pour le fauteuil, il m’attendra, je continue a prendre mes repas au lit, je me lève autant que je le peux, je fait quelques mouvements des bras, et j’allume mon téléphone portable.

J’envoie des SMS a mes amis, a Marie, je veux la rassurer, elle m’a beaucoup soutenue dans les derniers mois de ma transition, et je sais que la chirurgie lui faisait peur car elle avait des craintes pour ma santé et pour d’éventuelles séquelles,  ça m’a émue, aussi je veux qu’elle sache que tout s’est bien passé, et que je vais très bien, J’envois un SMS aussi a Frédérique, qui elle aussi a été d’un grand soutien, depuis deux ans, et qui m’a bien remonté moralement, en décembre, après ma rupture avec Cassandre, puis j’envois des messages a d’autres amis, Hervé, Eric…puis je pense a ce SMS de cassandre, justement, reçus le jour de mon arrivée ici,  je ne sais pas trop que faire lui répondre, ou pas, je ne veux pas que cette question me préoccupe, et d’ailleurs, je suis maintenant bien loin de cette histoire, et de tout ce qui a précédé l’aventure de la chambre 213 , je ne me trouve plus dans l’émotion, j’ai un détachement par rapport a ma liaison avec Cassandre, je décide donc de lui envoyer un SMS, dans lequel je lui dis que tout s’est bien passé, et que je me sens bien, elle me répond, « contente pour toi… » et d’autres choses, je ne voulais, dans le fond, qu’une chose, c’était que nous restions des amies, elle et moi, nous n’avions, de mon point de vue, pas le droit de nous fâcher, c’était même un devoir, vis-à-vis de nous même, vis-à-vis de nos proches, car nôtre aventure, nôtre situation parmi les humains nous interdisait de nous faire la guerre, si les transsexuelles se font la guerre, alors, quel espoir pour l’humanité de croire en l’amour, de croire que la guerre des sexes n’est qu’une invention, pour nous diviser…

Mais ce n’est finalement que mon point de vue, ma conviction, Cassandre est libre de voir tout cela différemment,  c’est moi qui a fais le premier pas pour reprendre une communication pacifique avec elle, je me fichais pas mal que mon amour propre en soit blessé, cela ne comptait pas, cela comptait bien moins que l’amitié que je lui portais, il ya tellement plus important pour moi a ce moment, ce que j’éprouve, ma joie, ma dignité retrouvée, l’estime de moi, la fin d’un mauvais rêve qui aura duré plus de quarante ans, n’appartiennent qu’a moi, mes amis, ces femmes qui m’ont soutenue, et qui dans le passé ont beaucoup compté dans ma vie, c’était des rayons de soleil dans un ciel chargé, entre deux tourmentes, qui m’emportaient au fond du désespoir que générait ma solitude,  dans l’isolement de cette forteresse du silence que j’avais bâtie dans mon âme, le silence tue, sans bruit, combien de fois j’aurai pu basculer et combien de fois j’ai été tenté de commettre l’irréparable, couchée sur mon lit de la chambre 213, je réalise que je reviens de loin, le mauvais rêve est finis, comme partis en fumée, quand je me suis réveillée, ici, j’ai commencé a vivre , pour de bon.

Je peux maintenant m’asseoir en tailleur sur le lit, je me plonge alors dans une longue méditation, les yeux clos, je fais le vide dans mon esprit, des images, des pensées sans aucun lien les unes avec les autres défilent, fugaces, comme des nuages poussés par le vent, puis disparaissent dans un ciel pur, je ne suis plus qu’un souffle, une respiration…

Je me décide finalement a tenter de m’asseoir dans le fauteuil, ça ne pose pas trop de problèmes, je prendrais donc maintenant mes repas assises, je fais toujours l’objet d’une surveillance de jour comme de nuit, pour ma température, ma tension artérielle, et tout vas bien, je suis toujours sous antibiotiques, je m’aperçois, après m’être levée, que j’ai tâché le drap de mon lit, une grande tâche brune, avec du sang dilué au centre, j’espère que je ne me suis pas laisser aller dans le lit, sans m’en rendre compte, mais ce n’est peut être que de la Bétadine et un peu de sang qui aurait coulé du conformateur, c’est ce que me confirme l’infirmière, en changeant les draps, elle me conseille  de placer le protège slip plus haut, je lui avoue que je dois encore apprendre, « on ne vous a rien fait, en bas, c’est au centre et en haut que ça se passe », autant pour moi, je suis aussi impatiente de pouvoir prendre une douche, je demande a ce que l’on me prête le sèche cheveux, je veux me laver la tête, mes cheveux sont plats et comme collés sur ma tête, je n’aime pas trop ça, j’ai toujours, malgré la sonde et le reste, le soucis de rester présentable, on m’apporte le sèche cheveux, je me fais un shampoing dans le lavabo, ça fait du bien, j’ai l’air moins fatiguée, je fait un brin de toilette, me parfume, puis je me couche.

L’infirmière du matin remarque l’odeur du parfum qui flotte dans la chambre, « c’est bien agréable », oui, tant pour moi que pour tout le monde, puis elle me prévient que toute l’équipe vas venir me voir, nous sommes vendredi, « c’est la nouvelle équipe, le semestre viens de se terminer, les nouveaux internes de Morel Jourmel font la tournée des patients, vous allez voir plein de blouses dans vôtre chambre ! », j’entends en effet des voix dans le couloir, des bruits de pas, des commentaires sur chaque cas, une infection que l’on cherche a maîtriser…

On frappe à la porte, puis l’anesthésiste la kinésithérapeute et quatre internes entrent, sourire aux lèvres, une grande jeune femme brune me demande comment ça vas, je vais bien, puis un interne me demande si il peut jeter un coup d’œil sur la partie opérée, bien sur, il le peut, tous sont satisfait, « c’est parfait, donc, a J6, retrait du conformateur et de la sonde, voilà, après quoi vous rentrerez chez vous.. », je lui précise, comme je l’ai entendu dire a un autre interne, que c’est le chirurgien qui retirera le conformateur, il me répond que « oui, il aime bien être là quand on retire le conformateur », ça me rassure, car je crains que cela soit délicat, je ne sais pourquoi, je crains que tout ce qui ce trouve dedans soit encore très fragile, que la peau se décolle ou se décroche lors du retrait, en saignant abondamment, que les sutures lâchent, mais c’est absurde, et je tente de me raisonner, cela n’arrivera pas, mes peurs sont normales, mais irraisonnées, le chirurgien sait ce qu’il fait, et il ne peut rien m’arriver de grave…

Les jours se suivent jusqu’a Dimanche, il fait un beau soleil d’automne en journée, qui illumine les murs de la chambre 213, je commence a réaliser tout le poids de la responsabilité qui a pesé durant trois ans sur les épaules du Psychiatre qui a supervisé ma transition, il lui était très difficile d’engager sa responsabilité, et il l’a fait, il m’a fait confiance jusqu’ ‘au bout, mais je ne lui ai jamais rien caché, même ce qui, a priori, aurait pu jouer contre cette transition, j’ai été sincère jusqu’au bout, et finalement, nous avons réussis.

A cette idée, l’euphorie me gagne encore, plus forte que jamais, voilà que je danse et je chante assise sur mon lit, toute seule, en regardant le soleil se réfléchir sur les vitres des bâtiments de l’hôpital, nous sommes vendredi, mon abonnement télé a pris fin, j’ai regardé deux fois un film sur Canal, dont le sujet était le parcours d’un jeune homme atteint d’un cancer de la colonne vertébrale, chimiothérapie, perte de ses cheveux, souffrances morales, physiques, difficultés a communiquer avec ses parents, son entourage, rupture avec sa compagne, dépression, espoir, et tout le long, une formidable volonté de vaincre les difficultés, de minimiser auprès des proches la souffrance morale, et sur la fin, une chirurgie très lourde et dont l’issue est incertaine, mais qui lui permet de guérir…

Cette histoire me bouleverse, je regarderais le film une seconde fois, en rediffusion, mais là, il ne me reste plus qu’une chaîne en service, gratuite, c’est la chaîne des enfants, « Gully », un peu surprise au début, je finis vite par regretter d’avoir payé un abonnement,  je me délecte bientôt des réclames pour les poupées Barbie, de ken et de son nouveau rasoir, de la tête que l’on peut coiffer de différentes façons, du salon d’esthéticienne miniature, du chien qui fait une « vraie » crotte , du nourrisson qui a de la fièvre avec un « vrais «  thermomètre, au point que je me demande si l’anesthésie n’a pas laissé de séquelles !

Je peux donc maintenant suivre les aventures de Merlin l’enchanteur, ou la ferme en folie, véritable délire dont les protagonistes sont des animaux, avec des personnages pittoresques, et qui parlent peut être plus au adultes qu’aux enfants, deux vaches lesbiennes, dont l’une fait des crises de jalousie a l’autre qui ne dirait pas non a vivre une aventure avec un taureau, un hérisson fétichiste SM fan de heavy metal, un Dindon résolument transgenre…une fermière dépressive et un fermier végétarien incapable d’abattre les animaux qu’il élève, j’adore !

C’est aussi a ce moment que je réalise que ce que j’ai fait, est énorme, je ne me rendais pas vraiment compte, tant que j’étais sur le chemin, j’étais trop préoccupée par le but a atteindre, comme quand on marche dans la neige, pas a pas, on regarde devant ses pieds, on ne vois pas le sommet, et quand on s’y trouve, alors on relève la tête, et on découvre autour de soi un panorama qui donne le vertige, et l’on réalise que l’on y est , que c’est finis, que l’on a atteint la cime  de la montagne qui vue du sol nous effrayait, nous paraissait impossible a gravir, ce que j’ai fais est quand même gonflé, changer de sexe, merde, ce n’est quand même pas rien, c’est une aventure humaine qui défie les lois de la raison, et je l’ai fais, comme si un jour, dans un aéroclub, j’avais demandé a un pilote, « pourriez vous me prêter une fusée pour aller sur Vénus ? » , il est facile d’imaginer quelle aurait été sa réaction, ce que j’ai fais est peut être encore plus gonflé, et grâce a trois médecins qui m’ont fait confiance, je l’ai fais, et nous avons réussis, même si il me reste encore des épreuves a affronter, je me sens plus forte que je ne l’ai jamais été.

Une chose demeure et demeurera encore un mystère, une énigme, jusqu’à la fin, jusqu’à ma fin, mais cela n’a plus aucune importance, pour moi, maintenant, pourquoi m’est il arrivé ce qui m’est arrivé, pourquoi suis-je née avec un syndrome de Benjamin, puisque c’est le nom de ce mal étrange, je n’en sais toujours rien, mais je m’en fiche.

Dimanche, plein de soleil le matin, dans la chambre 213, je me demande si l’on vas venir me retirer la sonde et le conformateur, j’en ai vraiment assez, c’est incommode, inconfortable, surtout la sonde, elle me tire en dedans, quand je marche, car le sac en plastique pèse au bout du tuyau qui al relie a la vessie, et j’ai hâte de pouvoir me doucher, Cassandre au téléphone m’a décrit cette manipulation de la façon suivante : » Tu vas voir, le conformateur n’est pas très gros, mais il ressort très sale, tout noir, avec du sang, c’est dégueulasse… », bon, et pour les dilatations, »Tu ne pourra pas introduire même un index, la première fois, ne t’en étonne pas… », Mais je prends ça comme venant de Cassandre, chaque aventure est différente, je verrais bien ce que la mienne me réserve comme bonnes et mauvaises surprises.

Justement, une infirmière entre dans la chambre, poussant devant elle un chariot métallique,  posés dessus, des flacons des sondes, de la Bétadine et des compresses, des grandes seringues de plastique, « Je vais vous retirer vôtre conformateur et la sonde urinaire, « , elle a un air concentrée, qui me fait deviner que c’est délicat, elle me précise d’ailleurs qu’elle a l’habitude de faire cette manipulation, je préfère, comme pour le drain, j’ai pour consigne d’expirer longtemps et profondément lors du retrait,  elle sectionne trois points qui maintiennent la sonde en place près du méat urinaire, puis elle les retire avec des petites pinces, ça vas très vite, assez pour que ce soit supportable, puis elle dégonfle le ballonnet de la sonde, ça vas déjà mieux, et encore mieux quand elle fait glisser celle-ci hors de la vessie, c’est désagréable, mais pas douloureux, me voilà en partie soulagée, la sensation d’avoir envie de faire pipi tout le temps commence a disparaître, petit a petit, elle sectionne ensuite les points qui maintiennent le conformateur dans le vagin, a l’ouverture de celui-ci, et les retire, puis elle retire très doucement le conformateur, elle me le montre en le jetant dans un sac, c’est un préservatif, de couleur jaune, remplis de je ne sais quoi, mais il me semble assez gros, contrairement a ce que j’avais imaginé, et il est plutôt propre, pas de sang, ça me rassure.

Elle est satisfaite et contente que tout ce soit bien passé, une autre infirmière entre, les deux femmes commente la manipulation, l’autre n’a encore jamais retiré de conformateur, je comprend donc que c’est assez délicat, puis elle observent la partie opérée, « tout est nickel », me disent elle, souriantes, elles s’en vont, je vais pouvoir aller aux toilettes, car a peine sont elles parties, que j’éprouve l’envie de faire pipi, la première de ma nouvelle vie, bon, si le reste viens aussi, tant mieux, je vais m’asseoir sur les toilettes, l’infirmière m’a recommandé de ne pas essuyer l’urine dans le sillon de la vulve, je m’assied doucement, heureusement, les toilettes sont assez hautes, et il y a une barre fixée au mur pour me tenir, voilà, j’essaye de me détendre et de laisser venir, soudain, ça me fait mal au méat, pas d’inquiétude, et voilà que je fait pipi, je sens que ça s’écoule tout le long, c’est     amusant, très agréable, ça me fait rire, malgré la douleur du début qui a disparu, je me pisse un peu sur la fesse, à l’entrejambe, mais je sais que c’est normal puisque tout est encore très enflé, je m’arrête, pour voir si le méat est bien étanche, si il fonctionne bien,  oui, tout fonctionne parfaitement, me voilà rassurée, puis je reprend, mais je ne tarde pas a appréhender la suite,  car je suis affreusement constipée, en essuyant le pipi sur la cuisse, je sens une rangée de points, à l’ouverture du vagin, tout le long, en bas, donc très près du sphincter, tant pis, je ne peux plus remettre à plus tard, c’est affreux, car très pénible, presque impossible,  et être assise sur les toilettes est de plus en plus pénible, les cicatrices m’élancent, je ne peux pas éviter de forcer, et je devine que ce n’est pas bon, ça m’élance dans le méat, et la partie sensible plus haut, à la naissance des petites lèvres, j’ai peur soudain de tout faire craquer, mais c’est trop tard,  tant pis, on me conduira au bloc si besoin, pour réparer les dégâts, et ça ne sert a rien de m’angoisser, très difficilement je parviens, après un long moment, a terminer de faire mes besoins, j’ai mal, j’ai dus me blesser au sphincter, je prend du papier toilette, pour me nettoyer, en faisant très attention de le faire de l’avant vers l’arrière, pour ne pas ramener de matières vers le vagin, je sens la rangée de points, j’ai peur, je retire tout ce que je peux de matière, je terminerais avec des serviettes imbibées d’eau, mais il y a du sang sur le papier, je m’essuie encore, et toujours du sang, je regarde dans les toilettes, du sang , mais pas de coulées sur l’émail de la cuvette, je me calme, et tente de raisonner, si il n’y as pas de coulées, ça ne vient pas du vagin, ou de points qui auraient lâchés, ça doit venir de l’intestin, du colon, qui a sûrement été choqué lors de l’intervention, donc pas de quoi s’affoler…

L’infirmière passe, je lui pose la question, elle me confirme que ça vient du colon, que c’est normal et que je n’ai pas a m’en inquiéter, ça vas mieux !

L’infirmière m’a recommandé de ne pas essuyer le pipi, ce que je fais, je n’ai rien a craindre, car je sais que l’urine est stérile, et qu’elle est aussi anti inflammatoire, je vais pouvoir me reposer, jusqu'à la prochaine étape, le lundi, c'est-à-dire la première séance de dilatations.

Une kinésithérapeute viens me voir le lendemain matin, son but est de me faire marcher, et me dit elle avec une pointe d’ironie, de me faire monter quelques marches d’escalier, très bien, elle me raconte comment, sous l’effet de l’anesthésie, au bloc, j’ai évoqué avec de jolis mots les paysages du mont Fuji, au Japon, commence alors une conversation, autour du Tai ji quan, du travail de l’énergie interne, de la respiration, elle connaît le sujet, elle comprend mieux pourquoi j’étais si détendue, calme, avant l’intervention, et pourquoi les cachets de Doliprane s’accumulent sur ma tablette, nous nous engageons dans le couloir, ou je la suis d’un bon pas, j’évoque l’entrainement au Karaté kyokushinkai, l’endurance a l’effort, a la douleur, elle me pose des questions, et nous arrivons au pied d’un grand escalier qui monte a l’étage supérieur, en deux parties, tout en discutant, je gravis les marches sans m’arrêter, d’un pas léger, elle est surprise, arrivées au palier, on redescend…ce serra suffisant, dit elle, « reposez vous », je reviens dans ma chambre, je m’assied en tailleur sur mon lit, quand une infirmière passe je lui demande de bien vouloir me prendre en photo, avec mon téléphone portable, elle cadre, amusée, je prend la pose, je fais de la main le geste du « V » de la victoire, la photo est prise.

Le temps passe, je ne pense plus maintenant qu’à l’avenir, le passé me procure encore, les rares secondes ou je l’évoque, cette impression de n’avoir été qu’un « mauvais rêve », le Lundi passe doucement, puis , le soir, avant le dîner, je dispose sur ma table de nuit la trousse qui contient les dilatateurs, ce sont des objets cylindriques dont l’une des extrémités est affinée, qui ressemblent assez a de classiques godemichés, en plastique blanc, ils se vissent sur une poignée qui permet de les manipuler plus facilement, il y en a aussi un autre, en métal celui là, légèrement courbe, assez long, que j’ai du me procurer auprès d’un fabriquant d’instruments de chirurgie, c’est bien celui qui m’impressionne le plus, je l’ai laissé dans mon sac, je ne pense pas que nous nous en servirons, surtout après ma conversation avec Cassandre, pour autant, je garde l’idée que chaque situation est différente, on frappe a la porte de la chambre, puis le docteur Morel Jourmel entre doucement, toujours souriant, il me demande comment je vais, « je vais bien, docteur, merci… ».

Il vérifie que tout ce dont il va avoir besoin est bien en place, « je vais faire avec vous la première dilatation, vous avez apporté les dilatateurs ? »,  oui, « Et celui en métal ? », un peu gênée, je lui avoue qu’il est resté dans mon sac, je me propose de me lever pour le lui donner, »non, ne vous dérangez pas !, permettez vous que je le prenne dans vos affaires ? », sur mes indications, c’est ce qu’il fait, puis il le dépose sur le chariot avec les autres, je regarde ce long objet qui scintille, « je vous avoue que pour celui-ci, j’admire vôtre optimisme, docteur », calmement, il me répond » Vous n’avez rien a craindre, vous verrez que vous n’aurez pas mal, nous allons tous les utiliser, a part ces deux là », il range le plus petit, et le plus gros, puis il prend un bassin, et une alèse, « Voilà comment on fait une dilatation, avec le bassin pour femme, vous allez vous asseoir sur le bassin, bien au bord, les jambes relevées et pliées, les pieds bien d’aplomb, …encore plus au bord, très bien ! », puis il me montre comment ouvrir les deux étuis qui contiennent les sondes, pour le lavement qui fait suite a la dilatation, place la plus grande des deux dans le flacon de solution pour le lavement, et dépose la plus petite, il ouvre un emballage qui contient une petite seringue remplie de Xilocaine, un gel lubrifiant et anesthésiant, « Vous déposez d’abord un peu de gel sur le dilatateur, après avoir vissé celui-ci sur la poignée », j’observe attentivement toute cette manipulation, « Vous le faite tourner légèrement doucement… », je ne me suis pas encore bien rendue compte qu’il vient d’introduire le premier dilatateur, et je n’ai rein sentis, il le retire, « vous l’enveloppez ensuite dans une compresse, et vous passez au suivant », l’opération se répète, et je n’ai pas mal, le dilatateur est glissé dans mon vagin sans la moindre difficulté, puis c’est le dilatateur de métal, il ne se visse pas sur la poignée, une partie plate permet de le maintenir en place, comme il devine mon inquiétude, car il est plus long, et plus large, il me rassure, »Il est bien, celui-là », a la façon dont il prononce cette phrase, toujours avec le sourire, et calmement, je réalise a quel point il est passionné par le travail bien fait, accomplis, et par tout ce qui touche a sa spécialité, la reconstruction et la construction d’organes génitaux et d’appareils urinaires masculins et féminins entièrement fonctionnels, et qui plus est esthétiques…mon inquiétude s’efface quand je me trouve avec le dilatateur de métal introduit entièrement en moi, et je n’éprouve toujours aucune douleur, je n’aurais jamais crus possible de pouvoir placer un objet aussi long, j’éprouve seulement une sensation de compression sur le coté droit, a mi chemin, je suppose donc que c’est a cet endroit qu’a été effectué un important travail de suture et de raccordement de ligaments et de nerfs, mais il ne s’agit que de suppositions, viens ensuite le dernier dilatateur, il est vraiment gros, a le voir, et long, « Pour celui-ci, je vous conseille de l’orienter un peu vers le bas, en le faisant bien pivoter à gauche et à droite, puis de le redresser sur la fin, et voilà… », Là encore, je suis stupéfaite de m’apercevoir que tout ça s’est fait sans difficultés, « Maintenant, c’est a vous », je répète la manipulation, une fois le dilatateur de métal introduit, il insiste sur le fait que je peux sans craindre l’introduire plus au fond, ce que je fais, une fois la dilatation terminée, il introduit dans mon vagin une petite sonde urinaire, l’usage en est donc détourné, puis il remplis de solution une grande seringue, la raccorde a la petite sonde, « là, comme je le dis, il faut le karcher, vous devez appuyer a fond d’un coup, attention, c’est froid », effectivement, le jet d’eau froide me surprend, il répète plusieurs fois ce geste,  « vous ferez la prochaine toute seule, ce soir, et les suivantes, quatre fois par jour, c’est important, vous devez faire celle du matin très tôt, ce serra peut être la plus difficile, peut être pas, mais il est très important, pour la réussite de la chirurgie, de faire quatre dilatations quotidiennes, parfois trois, ça ne risque rien, ça ne vas pas se refermer tout de suite, mais essayez de vous y tenir… », bien, je m’y tiendrais, avec toute ma volonté, sur ce, il me souhaite de passer une bonne soirée, en jetant un coup d’œil amusé a la télé qui diffuse les programmes de la chaîne pour les enfants, puis s’en vas, après m’avoir demandé si je pense rentrer chez moi le lendemain, ou le mercredi suivant, ce serra le mercredi, le temps de prévenir mon transport.

Le lendemain mardi, je fais mes dilatations comme convenus, pas toujours facile, car le lit de l’hôpital est mou, a cause du matelas anti escarres, il m’est donc pénible de retrouver la bonne position assise sur le bassin, et j’ai des crampes dans la jambe gauche, je me soutiens sur les bras, en regardant l’heure sur mon téléphone portable, suivant ses indications, zéro minute pour le plus petit dilatateur, cinq pour le suivant, dix pour le troisième, quinze pour le dernier, c’est le plus pénible, mais je fait l’effort de respecter les temps, car je sais que le succès est au bout de ces efforts, tout le monde est attentif a ne pas me déranger a ces moments là, mais l’infirmière est certaine que je ferais bien les dilatations, l’équipe a confiance en moi, le lendemain Mardi, le docteur Morel Jourmel viens me dire au revoir, le mâtin, je lui pose une question de cette façon : » j’ai demandé au docteur jean Claude Pénochet,  (il s’agit du psychiatre qui a rendus toute ma transition possible avec son accord), quels sont les centres d’intérêts du docteur Nicolas Morel Jourmel, mais vous connaissez comme moi, le docteur Pénochet, c’est un homme charmant, mais c’est lui le plus souvent, qui pose les questions… », il est amusé par ma formule, et se contente de me dire »j’aime bien le vin, …mais ne vous sentez pas obligée », je m’engage a lui faire livrer du vin, dans son service, et je le remercie encore pour tout ce qu’il a fait, il se contente de répondre, humblement, »Non, c’est normal, c’est mon travail, à l’hôpital , et bon retour chez vous », je suis émue par sa simplicité et sa gentillesse.

Le mercredi, une responsable d’un laboratoire viens prendre mes coordonnées, tout le matériel dont j’aurais besoin, une fois chez moi m’y serra livré, dès le lendemain, et pour un mois, je n’en attendais pas tant, puis l’après midi, on frappe à la porte de la chambre 213, j’ouvre,  c’est Alex, le chauffeur du VSL.

Je me suis habillée, j’ai brossé et coiffé mes cheveux, je me suis maquillée, les yeux, du rouge a lèvres, je porte quelques bijoux, comme le jour de mon arrivée ici, comme si il ne s’était s’agit que d’une simple formalité, et je fais mon possible pour surmonter les incommodités des cicatrices qui m’élancent, des chairs qui sont enflées, je suis si heureuse et je veux que l’on ne remarque que cela, Alex se fend d’un sourire radieux, on ris et on plaisante, je suppose qu’il ne s’imaginait pas me trouver en si bonne forme, je récupère mes ordonnances au secrétariat du service, je remercie toute l’équipe présente, dis au revoir, et nous montons dans la voiture, nous voilà partis.

Au cours du trajet, nous discutons Alex et moi, j’apprends qu’il est Eurasien, Vietnamien plus exactement, nous voici en train de parler de succulentes recettes de cuisine, soupe phô, bo bun,  porc au caramel…puis il file a cent soixante dix kilomètre heure de moyenne, je ne sens pas la fatigue du voyage, en écoutant la musique, mais peu avant la hauteur de Montpellier, nous dépassons a plus de cent cinquante a l’heure une voiture de gendarmerie, quelques kilomètres plus loin, la voiture arrive à sa hauteur, gyrophares allumés, et un gendarme lui intime l’ordre de se garer sur une aire d’autoroute…

Alex en est quitte pour une amende de cinquante Euros, et un point de permis, les gendarmes ont étés indulgents, au vu de la situation, et il n’ont relevé qu’une infraction de cent trente cinq kilomètre heure !

Nous nous arrêtons ensuite à la pharmacie, ou je fais mes achats, et présente mes ordonnances, l’employée est un peu dépassée par la situation, quand elle calcule le nombre de doses de Xilocaine dont je vais avoir besoin, et elle en oublie de me fournir un analgésique, le Topalgic, heureusement, je n’en ai pas un besoin urgent, le pharmacien m’apportera chez moi trois cartons de Xilocaine le lendemain !

Je dis au revoir a Alex, après lui avoir proposé de participer au paiement de l’amende, ce qu’il refuse, et me voilà, enfin, chez moi.

Embrassade et vive émotion avec ma maman, qui est heureuse est surprise de me voir en si bonne forme, je vais lui raconter, tranquillement, mon aventure de la chambre 213, une page est tournée, définitivement, tout cela lui semble encore assez incroyable, et je le comprends, j’ai l’impression d’atterrir après un périple loin dans le cosmos, et je sais que quoi que je dise, mon aventure est unique, et que je ne pourrais jamais la partager entièrement.

Après une dilatation, je me couche dans mon lit, une partie de mon esprit est encore là bas, dans la chambre 213, je dors d’un sommeil sans rêves, le lendemain, après le petit déjeuner, je demande a la dame qui vient faire le ménage chez nous de me rendre un service, dévaliser le rayon de vinaigre d’alcool blanc du supermarché, car je vais en avoir besoin pour préparer la solution de rinçage après les dilatations, sur les indications du chirurgien, et il me faut environ une vingtaine de bouteilles…ce qu’elle fait, puis, je sors faire quelques achats chez les commerçants, je dois avoir l’air heureuse, car tout le monde me souris, mon euphorie est communicative, et c’est vrais que je me sens si bien, enfin, c’est une autre vie qui commence, je suis impatiente de pouvoir refaire quelques exercices, mais pour le moment, je ressent les élancements de la cicatrisation, c’est supportable, en revanche, pour m’asseoir, je dois y aller doucement, et toujours sur des coussins, ou bien la bouée de l’hôpital, mais je peux déjà avoir une « vie normale », et m’occuper à la maison.

 

 

 

 

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30 mai 2012

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29 mai 2012

Florales...(suite)

Vers l’âge de douze ans, j’ai lu ce mot, »cunnilingus », ce qu’il évoquait me faisait rêver, mais pas le mot, je le trouvais trop compliqué, un peu barbare, pour décrire une caresse amoureuse aussi douce et tendre, alors j’ai cherché d’autres formules pour évoquer cette caresse, mais aucun ne convenait vraiment, alors finalement, j’ai renoncé, et je préfère dire, tout simplement, que « je donne ma langue au chat ».

 J’ai refermé le magazine, sur sa couverture est écrite la mention « vente réservée aux majeurs de plus de dix huit ans », ce qui est loin d’être mon cas, il vas rejoindre d’autres magazines du même type, sur une étagère, allongée sur mon lit, je peux m’adonner a une rêverie qui dépasse celle inspirée par cette lecture légère, je me promène a travers le dédale d’un palais surplombant la mer, je marche a travers les allées d’un jardin méditerranéen, le parfum capiteux des essences florales qui se libère sous le soleil couchant m’accompagne, au détour d’un massif, d’un bosquet, des corps nus s’enlacent, s’étirent, se prélassent, imine muet a la beauté des femmes, je ne porte qu’une tunique légère de soie, mes gestes sont légers et souples, car se sont ceux de la jeune fille que je suis, dans ma rêverie, je rejoins un groupe formé d’autres jeunes filles comme moi, nous nous amusons a faire des bouquets, et a en orner les statues, à l’heure du crépuscule, une lueur pourpre embrase l’horizon, une étrange mélopée se fait entendre, lointaine, plaintive, un ensemble d’instruments antiques, luths, harpe, tambourin, rythme nos gestes, nous jouons ensembles, rions ensembles, gestes fluides et graciles, mouvements épris de liberté, effleurements, puis caresses, énormément de tendresse dans ces jeux innocents, car ici, tout est innocence, ici, la lourdeur, la brutalité, sont bannies, ici, sur mon île imaginaire, ne demeurent que des femmes, des jeunes filles, des femmes qui vouent un culte a la femme, des femmes qui aiment les femmes.

Mais je  m’éloigne de ces rivages si enchanteurs, mystérieux et magiques, je rejoins le continent ou recommence mon interminable errance, mon corps me trahis, une fois encore, et me trahira encore longtemps, peut être jusqu’à l’heure de ma mort, je ne sais pas.

 Je marche dans les rues du seizième arrondissement de Paris, la rue Boileau, puis je prend la rue Chardon Lagache, que je remonte, vers le boulevard Exelmans, il fait chaud, une belle journée d’été, ma jupe flotte doucement autour de mes jambes, a chacun de mes pas, chaussée de ballerines, je fais de petits pas, lentement, je profite pleinement de ma promenade, je m’arrêterais peut être boire un café, a une terrasse, avant de descendre dans le métro.

Soudain, alors que le garçon s’approche de moi, son plateau à la main, me viens cette pensée, si je rencontrais quelqu’un, dans le métro, dans la rue… »Madame ? » je répond calmement a sa question, machinalement, « je vais prendre un café »…mais si je rencontrais, par hasard, l’une de mes ex compagnes ?

’est une éventualité avec laquelle je dois compter, c’est tout a fait le type même de journée, de moment ou l’on fait ce genre de rencontres, je le sais, je le sens…

Comment réagirait elle , et moi quelle serait ma réaction, elle me reconnaitra, ou pas, oui, certainement, mais pas tout de suite, si nos regards se croisent, et c’est toujours comme cela que cela se passe, elle vas aussitôt deviner dans mes yeux, que je la connais, donc elle vas chercher a me reconnaitre, a mètre un nom sur mon visage, et moi, a ce moment là, vais-je chercher a fuir ce regard, a jouer l’indifférence, je ne sais pas…non, je ne fuirais personne, depuis le début je n’ai fuis personne, non, j’affronterais son regard, mais alors, a ce moment précis ou soudain, elle vas accoler le nom d’un homme, le souvenir d’un homme, bien plus, le souvenir d’un amant, sur cette femme que je suis devenue, dans la rue, dans le métro, quelle serra sa réaction ?

Je les imagine, furtivement, mes anciennes compagnes, la surprise, l’émotion, le doute, dans leur regard, puis le malaise, la gêne, la peur, tout simplement, oui, la peur de l’inconnu, la peur de l’incompréhensible, de l’étrange, du monstrueux, de la monstruosité qu’est la transsexualité, que l’on n’avait pas devinée, pas vue, avec laquelle on est allée au bout de ses désirs de femme…

Je bois mon café, rapidement, il est tiède, je repose doucement la tasse, après tout, je ne suis pas un monstre, je ne l’ai jamais été, d’ailleurs ou alors c’était avant, dans l’autre vie, je n’ai pas a me justifier, je me répète ses mots, comme pour mieux m’en convaincre moi-même, si elles ont couché avec moi, c’est qu’elle en éprouvaient l’envie, a ce moment là, et c’est ça qui doit compter, le reste, a quoi bon l’expliquer, si j’avais pu m’en expliquer, je l’aurais fais il y a longtemps, c’était impossible.

Je paye mon café, je marche vers le métro, je me suis posé des questions durant près de quarante ans, seule, sans l’aide de personne, je ne comptais plus les moments ou je craignais que la raison m’abandonne, ou j’avais peur de sombrer dans la folie, ou j’avais peur de finir par désespoir par me foutre en l’air, j’ai avancé en deux ans plus que durant toutes ces années, alors si elles sont surprises, gênées, a elles de se poser des questions, a leur tour de réfléchir a leur homosexualité, voilà ce que je suis, ce que j’étais, une lesbienne, ou une bisexuelle rien d’autre, et si elles avaient aimé la lesbienne, et non pas le mec, je sais, c’est tordu, mais tout ça était tordu, depuis le commencement, c’est aujourd’hui que  ma vie a un sens.

A force de chercher a définir mes orientations, j’ai finis par dire aux médecins qui me questionnent, « je suis omni sexuelle, je fais avec qui me plais, comme ça me plais, sans distinction de sexe »,.

 Dehors, il fait gris, c’est le début de l’hiver, une fois mes devoirs de classe terminés, je me cherche une occupation, je pourrais me plonger dans la lecture de l’un des livres que j’ai déniché dans la bibliothèque du grenier, les livres que lisait ma mère, et avant elle, ma grand-mère, « les petites filles modèles », ou encore « les malheurs de Sophie », celui là, je l’ai relus plusieurs fois, c’est l’un de ceux que je préfère, en lisant, je recrée dans mon imagination chaque scène du livre, chaque aventure s’anime, les personnages ont un visage, une voix, des intonations, les lieux, les décors, les parfums, les bruits, tout devient plus vrais que nature, et jusqu’au costumes d’époque, somptueux, les toilettes élégantes, dentelles, rubans, longues chevelures minutieusement coiffée, moi-même, je me plais a m’imaginer parmi les personnages de ces aventures, en robe d’époque, chaussée de petites bottines, je me promène a travers demeures et jardins, ou encore en voiture a cheval…

Mais ce jour là, je n’ai pas envie de lire, je me suis initié avec ma grand-mère il y a peu au tricot, elle a été un peu surprise par ma demande, mais que peut faire de ces après midi un jeune garçon, parmi des femmes âgées, elle a passé en revue toute sorte d’occupations plus susceptibles de me distraire, mais j’ai insisté, alors, avec sa sœur, elles se sont prises au jeu, « rien que pour voir si j’y arriverai », elle n’y croyaient pas vraiment, mais j’y suis arrivée très vite, et avec une habileté qui leur a finalement fait admettre que j’étais très capable, et surtout, qualité des plus improbables chez un garçon, une patience…de femme.

J’alterne maintenant les couleurs, je me contente des reliquats de pelotes qui ont servis a d’autres ouvrages, ma grand tante m’explique très sérieusement comment créer des reliefs, des dessins, que je m’applique a reproduire, attention !...il ne faut pas trop serrer les mailles, sous peine de voir son ouvrage se gondoler,  et ce n’est pas du meilleur effet…

Durant une pause, j’observe ma grand-mère broder, au crochet, des bouquets de fleurs délicates massent sous ses doigts,  je veux aussi, un jour prochain, apprendre a broder, encore une fois, c’est la surprise, elle s’en étonne, ne sais plus trop quoi penser, je voudrais donc tout faire comme elles, je ne veux donc que des activités féminines, je réponds, que oui, et pourquoi pas ?….

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29 mai 2012

Etat civil des personnes trans, une étude du Sénat

Le sénat a réalisé une étude comprarative des législations relatives au changement d'état ciivil pour les personnes trans dans six pays d'Europe, huit états d'Australie, deux pays d'Amérique latine...pour en savoir plus cliquez sur l'image !

 

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29 mai 2012

Miss Lesbian 2012

Miss Lesbian 2012, avec une belle soirée en perspective, pour vous inscrire, en savoir plus, cliquez sur l'image !

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29 mai 2012

La doc et l'artiste...

Aujourd'hui, et hier, j'ai rassemblé ma doc, que j'ai triée, c'est un travail épuisant, si, je vous l'assure, mais cette après midi, je me suis fait bien plaisir a dessiner, c'est vrais qu'un bon dessin, et une bonne illustration, quel que soit le sujet, c'est de la doc, avant tout...

Dessins érotiques aujourd'hui, pas "soft", non, ça vas vous sembler curieux mais c'est très dur, pas facile, il faut beaucoup de pratique, et je ne plaisante pas!

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28 mai 2012

La Gay pride à Moscou...il faut aimer la baston !!!

En Russie, la gay pride c'est....un petit rassemblement qui degenére vite en bagarre de rue, et ou l'on se fait embarquer par la police moscovite, de façon plutôt musclée, pour mémoire, le régime soviétique comuniste a toujours nié l'existence de ce qu'il qualifiat de "conduites perverses", comme il l'a fait pour la prostitution, la pornographie (plus interdite en URSS que ne l'était la drogue...), ce qui a fait, entre autre, que le tueur en série et cannibale, Chikatilo a pu échapper aux forces de police durant des années, "pas de crimes sexuels sous un régime communiste"....forcément, ça laisse des traces dans les mentalités, ce reportage le prouve, de plus, les Orthodoxes, néo fachos, ont repris du poil de la bête, ce qui n'arrange rien....pauvre Russie !!!

 

27 mai 2012

Un bal de Drags aux USA, début des années 60...

27 mai 2012

Girlykiss

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Girlykiss, page de photos et vidéos dediés a l'amour entre filles...cliquez sur l'image pour ouvrir le lien

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